Moulins / Yzeure une histoire et une rivalité à la fois folle et unique et à la fois très symbolique de ce qui se passe au niveau national !
De derby séparé par une rivière à bagarre entre voisins Bienvenue en Allier ou chez les Arvernes ! Dirait-on !
Et davantage sérieusement
De la bataille de clocher à la frontière seulement administrative et non géographique pour les uns et les autres et un refus de fusionner à un croisement de performance sportive assez ahurissant Bienvenue à Moulins et Yzeure !
Avant de revenir sur la genèse et l’histoire incroyable de ces deux clubs et de ces deux villes , ainsi que sur leur actualité et leur devenir , retour d’abord à leur passé récent qui a beaucoup secoué et même bousculé la région moulinoise et même au delà et au delà aussi des limites du football !
Saison 2015 2016
Reportage & Témoignages
Entre l’épilogue de la Saison 2015 2016 et la préparation estivale de la Saison 2016 2017
Mini-bus vandalisés, vitres éclatées, portes des véhicules dégradées, locaux cambriolés, licences volées… « C’est du grand n’importe quoi… On arrive à des extrêmes intolérables. Ce sont des menaces déguisées, on nous fait passer des messages. Qui dit qu’on ne tapera pas sur nos jeunes ou sur un dirigeant demain ? Il est temps que tout cela se termine. C’est triste que ça finisse ainsi, mais bon… » Jean-Michel Cheymol, secrétaire général, est atterré. C’est officiel : son club, s’il continue d’exister, n’aura plus d’équipe National 2 l’an prochain, et toutes les équipes réserves sont rétrogradées. La faute à un forfait général provoqué par la casse des mini-bus dans la nuit de vendredi à samedi, qui a empêché les joueurs de se déplacer pour le dernier match de la saison.
Les dégâts de la finance
Mais la triste histoire débute bien plus tôt. Et n’aurait jamais vu le jour sans les problèmes financiers de l’AS Moulins Football, dont les finances n’auraient pas forcément été gérées de la meilleure des manières : « On a eu un défaut de trésorerie comme beaucoup d’autres clubs à ce niveau On s’est peut-être un peu emballé après notre quart de finale de Coupe de France en 2014 en recrutant des joueurs qui n’en valaient pas la peine et qui ne sont pas restés, expose Jean-Michel. Surtout, des partenaires nous ont abandonnés ou n’ont pas tenu leurs promesses. » Conséquences : le trou budgétaire s’agrandit petit à petit, et des décisions doivent être prises. Un rapprochement avec l’AS Yzeure Football, voisin auvergnat, est sérieusement envisagé en avril et le dossier de la nouvelle entité Moulins Yzeure quasiment validée. Sauf que beaucoup, notamment des éducateurs, ne l’entendent pas de cette oreille, explique le secrétaire général : « L’AS Moulins est reconnue comme l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure école de formation d’Auvergne. Ce qui n’est pas le cas d’Yzeure. Certains considèrent ainsi qu’on perd un peu notre identité si on s’associe. Donc l’idée a été rejetée par le conseil d’administration. Mais elle n’est pas encore enterrée. »
Le dépôt de bilan qui accompagne ce choix, un autre projet basé sur la formation et porté par les éducateurs se développe en parallèle. Les divisions naissent ici. « Sans te mentir, il y a beaucoup de choses qu’on ignore sur la gestion du club ou sur la partie financière, nous les joueurs. Donner un avis ne serait pas raisonnable, commence un des jeunes joueurs qui souhaite rester anonyme et qui refuse de s’exprimer librement. Mais soit on est pour la fusion, ce qui signifie que Moulins a fait n’importe quoi, soit on est pour ceux qui veulent garder Moulins et on est à fond derrière le club. Je ne dirai pas qu’il y a rupture, mais plutôt un ras le bol de la part de certains dirigeants qui préfèrent privilégier les jeunes et oublier la National 2, vu les problèmes économiques qu’elle cause. Repartir avec des joueurs formés au club est un projet peut-être moins ambitieux, mais permet de garder le club en vie et de montrer la qualité de la formation moulinoise. »
Forfait + forfait = forfait général
Bref, ce désaccord ne règle pas les problèmes financiers, bien au contraire. Et les joueurs de la National 2 sont les premières victimes. Plus payés depuis avril, ils optent pour la grève en boycottant un premier match face au FC Saint-Louis Neuweg et publient un communiqué où ils se déclarent en faveur… de la fusion : « Le club et ses opposants ont voté la décision de supprimer le groupe National 2 la saison prochaine avec aucun avenir à notre sujet. La tentative de rapprochement des deux clubs permettrait à un certain nombre de membres du groupe d’avoir un avenir dans l’agglomération moulinoise, alors que le projet des éducateurs non. Le projet de rapprochement nous obligeait à faire des concessions que nous étions tout à fait prêts à accepter. De plus, les éducateurs joueurs du groupe National 2 n’ont pas été concertés lors du projet préparé par les éducateurs. Ce projet prive tous les Moulinois d’une équipe de haut niveau en football, fierté du territoire, et les jeunes asémistes d’une perspective d’avenir. »
Une semaine plus tard, rebelote. Les membres de l’équipe première font savoir qu’ils ne se déplaceront pas à Sarre-Union, insistant sur le « sentiment d’abandon de la part des dirigeants » . Problème : ce deuxième forfait entraîne un forfait général du club, synonyme de descente de toutes les autres équipes seniors. Les dirigeants se démènent et composent, à l’arrache, une équipe de bric et de broc composée de réservistes et de jeunes afin d’empêcher le pire. C’est sans compter sur les actes de vandalisme découverts sur les véhicules le samedi matin. « On aurait pu choisir d’y aller coûte que coûte, mais on n’a pas voulu aller plus loin. On a préféré arrêter les frais, reprend Jean-Michel. Il est question d’intégrité physique et morale pour nos joueurs. » D’autant que l’US Sarre-Union ne les aurait pas accueillis les bras grands ouverts, puisque le club a accusé Moulins de triche économique, ainsi que d’avoir faussé le championnat dans un violent communiqué il y a quelques jours. « Des menaces déguisées, encore une fois » , pour Jean-Michel. Bonjour l’ambiance.
Le mystère des serrures
Alors, à qui la faute ? Pas aux joueurs, en tout cas. « Ils ont leur part de responsabilité, mais il faut comprendre leur situation : ils ne sont pas payés, ils n’ont plus de club pour l’an prochain… C’est compréhensible qu’ils expriment leur colère, tempère le secrétaire général. Ce ne sont pas eux qui ont provoqué le forfait général, c’est le contexte. Là, on est entre le scandale et l’idiotie par rapport aux événements des bus, qui n’ont rien à voir avec les joueurs. » En fait, il se murmure que des personnes internes à l’AS Moulins voudraient la peau du club. En effet, aucune serrure n’a été forcée, sous entendant qu’un des malfaiteurs détenait les clés du stade quand les licences ont été volées. « Faut passer à autre chose, désormais » , préfère conclure Jean-Michel.
Les paragraphes concernant la saison 2015 2016 contiennent des informations et des témoignages rapportés par So Foot.com